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Diagnostic

La cystite interstitielle est une pathologie rare et de cause mal élucidée qui touche essentiellement les femmes. Avant que le monde médical ne la reconnaisse comme une véritable maladie, elle était en général considérée comme une manifestation hystérique…

Elle se caractérise par une douleur chronique vésicale et une envie fréquente d'uriner.

A l'heure actuelle, elle reste encore fréquemment méconnue sachant qu'il faut en moyenne 4 à 5 ans pour que le diagnostic soit posé.

Une incidence nettement sous estimée

Ainsi, aux Etats-Unis on estime qu'entre 10 et 510 individus sont touchés par la maladie sur 100 000. L'âge moyen auquel survient la maladie est de 40 ans et 25% des patients ont moins de 30 ans. La prépondérance féminine est très nette puisque 90 % des sujets atteints sont des femmes.

Une multiplicité d'hypothèses sur la cause de la maladie

Parmi toutes les théories, l'altération de la perméabilité de la paroi de la vessie est probablement une des plus étayées : la surface de la paroi de la vessie est normalement tapissée par une couche de grosses protéines (glycosaminoglycanes) comme un mur séparant les composants agressifs de l'urine d'un coté et de la muqueuse de l'autre.

Des études ont montré que dans la cystite interstitielle ce « mur » est détruit et donc l'urine agresse directement l'intérieur de la vessie, ce qui entraîne une inflammation.

Cependant d'autres théories ont été proposées :

Les séquelles d'infections chroniques constituent l'hypothèse la plus ancienne : une infection chronique de la vessie par une bactérie agresserait la paroi et la rendrait plus vulnérable.

On a évoqué également la théorie inflammatoire : les cellules impliquées dans l'allergie seraient augmentées chez les patients atteints de la maladie surtout dans le tissu de la vessie, ce qui expliquerait l'association fréquente allergie-cystite interstitielle.

Enfin, il pourrait y avoir une composante auto immune : cette hypothèse a été envisagée car il existe une association fréquente entre la cystite interstitielle et des maladies auto-immunes (telles que la polyarthrite rhumatoïde, le lupus érythémateux disséminé, la fibromyalgie, le syndrome de Gougerot-Sjögren ...). Ce qui les caractérise, c'est la fabrication d'un auto anticorps (autrement dit un anticorps qui se défend contre son propre corps) et quelques travaux ont mis en évidence ces anticorps dans la cystite interstitielle.

Les symptômes

Les patient(e)s ressentent une douleur calmée par la miction.

Ces mictions sont dictées non pas tant par un besoin urgent d'uriner que par la nécessité de soulager une douleur vésicale, souvent décrite comme des brûlures (parfois ressemblant à des coups de poignards ou des lames de rasoirs, …) s'accompagnant d'une sensation de spasmes et de faux besoin. L'émission d'urine entraîne souvent un soulagement immédiat mais transitoire, le phénomène douloureux réapparaissant parfois au bout de quelques minutes. La vessie est ressentie comme toujours pleine.

La pollakiurie (envie fréquente d'uriner) est importante, parfois tous les quarts d'heure le jour et toutes les heures la nuit !

Souvent, les patientes se plaignent de douleurs irradiant dans tout le périnée, le vagin, l'urètre et parfois la région lombaire (bas du dos).

Un certain nombre de patientes se plaignent également de dyspareunie (douleurs pendant les rapports sexuels).

La nature des symptômes peut également changer selon la progression de la maladie.

Le diagnostic de cystite interstitielle

L'examen clé du diagnostic est l'hydrodistention de la vessie sous anesthésie générale : sous cystoscopie, on dilate la vessie avec 80 cm de pression d'eau, pendant au moins deux ou trois minutes. Du fait des douleurs, la dilatation doit être faite sous anesthésie générale. On détecte alors un saignement diffus des parois de la vessie par des lésions appelées pétéchies : c'est l'expression typique de la maladie. Une biopsie (examen de tissu) est faite pour éliminer un cancer, elle retrouve des traces d'inflammation . Dans les formes graves et rares on voit un ulcère de Hunner.

Un autre examen important est l'examen urodynamique et surtout la cystomanométrie qui va souvent montrer lors du remplissage de la vessie l'apparition précoce (avant 300cc) d'un 3è besoin qui est douloureux et une capacité vésicale réduite.

L'association des symptômes décrits ci-dessus, du test d'hydrodistension vésical positif et des signes urodynamiques va conforter le diagnostic de cystite interstitielle. Malheureusement aucun de ces signes n'est caractéristique et pour consolider le diagnostic il est INDISPENSABLE de procéder à un bilan très complet qui va éliminer diverses autres pathologies dont certaines peuvent être plus graves à court terme.

  • L'interrogatoire recherchera l'absence d'impériosités mictionnelles ou d'incontinence qui ne font pas partie des signes de la cystite interstitielle mais qui peuvent parfois être associées faisant errer le diagnostic.
  • L'examen clinique sera tout à fait normal en dehors parfois d'une sensibilité accrue de la paroi vaginale antérieure et de l'urètre.
  • L'examen cytobactériologique des urines est stérile mais montre souvent une hématurie microscopique ou une leucocyturie. Là aussi des associations rares cystite interstitielle et cystite bactérienne peuvent se rencontrer, faisant errer le diagnostic.
  • La cytologie urinaire est normale, excluant un cancer des voies urinaires.
  • L'aspect cystoscopique de la vessie est normal avant le test d'hydrodistension et les biopsies ne retrouvent pas de cancer de la vessie.
  • Le bilan urodynamique ne montre pas d'hyperactivité du détrusor ni d'instabilité urétrale.
  • Une échographie abdomino-pelvienne ne retrouve aucune autre anomalie permettant d'expliquer les douleurs vésicales.

Une maladie à prendre en considération du fait de son retentissement sur la qualité de vie des patients

Classiquement, les signes cliniques apparaissent sur un mode rapidement progressif avec un plateau à 5 ans ; les symptômes évoluent alors sur un mode chronique avec des phases d'exacerbation et d'amélioration.

En fonction de la sévérité de la pollakiurie, du caractère plus ou moins impérieux des mictions et en fonction de l'intensité des douleurs, les patients vont devoir adapter leur mode de vie. L'impact psychologique est considérable : plus de 50% des patients se sentent déprimés et le taux de suicide est 4 fois plus élevé par rapport au reste de la population.

Une étude épidémiologique aux Etats-Unis en 1987 a montré que 50% des patients atteints de cystite interstitielle ne pouvaient pas travailler à plein temps, et que leur qualité de vie était comparable à celle de patients dialysés.

Dr Florence RAVEL, médecin 
L'auteur n’a pas transmis de conflit d’intérêts concernant les données diffusées dans cet article.



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