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Traitements

Dans la mesure où la cause de la cystite interstitielle n'est pas connue, le traitement est nécessairement empirique et son but est de diminuer l'intensité des symptômes et leur impact sur la qualité de vie des patients.

La clé de la réussite du traitement est d'utiliser plusieurs thérapies pour contrôler les divers aspects de la maladie.

La liste ci-dessous indique les principaux traitements connus à ce jour. Elle n'est pas limitative car de nouveaux traitements ou associations de traitements sont sans cesse à l'étude. Pour en savoir plus sur chaque traitement, ses effets secondaires, les études qui étayent son efficacité sur la CI, vous pouvez cliquer sur le nom du médicament et accéder à une page plus détaillée. Ces pages sont également accessibles depuis le menu "La cystite interstitielle > Fiches médicaments".

1 Traitements antalgiques

Souvent les antalgiques usuels ne marchent pas. Les traitements anti-inflammatoires stéroïdiens donnent des résultats satisfaisants mais malheureusement peu durables dans le temps. Tous les traitements anti-douleur peuvent être utilisés (à commencer par paracétamol, tramadol, paracétamol codéiné), chaque patient est différent et l’efficacité de tel ou tel traitement varie d’une personne à l’autre. Lorsque les douleurs sont très fortes, on peut avoir recours à la morphine mais ce n’est souvent pas le plus efficace.

2 Hydrodistension

L’hydrodistension vésicale que l’on réalise pour le diagnostic entraîne une rémission des symptômes dans 60 % des cas parfois pendant 4 à 12 mois mais souvent ils reviennent ; on peut répéter l’hydrodistension. Chez les patients chez qui il n’y a pas de réussite la première fois, souvent la 2e ou 3e hydrodistension fonctionne. Malheureusement, il y a un effet d’accoutumance, beaucoup de patients devenant résistants à cette technique, et il peut y avoir un risqué d’altération de la paroi vésicale.

3 Antidépresseurs et anticonvulsivants

Les antidépresseurs tricycliques sont utilisés pour leur action sur la conduction nerveuse, diminuant les phénomènes douloureux : des doses d’amitriptyline de 25 mg jusqu’à 75 mg/jour ont montré des résultats satisfaisants sur certains malades. Certains centres débutent par 5 gouttes par jour soit 5 mg/j. Les anticonvulsivants comme neurontin, tegretol peuvent donner de bons résultats. Le Rivotril nécessite une prescription première par un neurologue et ne peut donc plus être utilisé en pratique courante.

4 Les réparateurs de la couche de glycoprotéines

La théorie de la perméabilité de la paroi de la vessie est à la base de nombreux traitements le plus souvent administrés par instillations intravésicales. Les héparinoïdes renouvellent la couche de glycoprotéines (grosses protéines) de la vessie, mais comme la paroi de la vessie met du temps à se réparer, ces traitements mettent du temps à agir.

L’héparine s’utilise à la dose de 40 000 unités dans 20 ml d’eau stérile, une fois par jour, que l’on introduit dans la vessie par un sondage en le gardant le plus longtemps possible dans la vessie jusqu’à ce que ce soit inconfortable: au moins 20 min au départ puis de plus en plus longtemps jusqu’à 1 heure.

En général, les effets du traitement apparaissent au bout de 6 mois à parfois 2 ans. C’est donc un traitement long et pénible qui n’est pas reconnu par l’agence du médicament en France.

L’acide hyaluronique (Instylan®) s’utilise à dose de 40 mg (dilué dans 50 ml de soluté physiologique) que l’on introduit dans la vessie par sondage en le retenant le plus longtemps possible dans la vessie (au moins 30 min) toutes les semaines pendant 4 semaines puis 1 fois par mois pendant 1 an ; en général, au bout de 6 instillations, on peut dire si le traitement marche.

Le sulfate de chondroïtine se lie préférentiellement à l’urothélium endommagé, contribuant significativement à la défense de la paroi vésicale ; il nécessite une dose optimale-efficace de 400mg.

Ces principes actifs peuvent également être utilisés en association : acide hyaluronique et sulfate de chondroïtine (Ialuril Prefill®, Instillamed®).

Le pentosane polysulfate sodique  (Elmiron®) est le seul traitement par voie orale ayant pour indication la cystite interstitielle. La dose recommandée est de 100 mg 3 fois par jour. La plupart des patients commencent à avoir une amélioration des symptômes au bout de 3 à 6 mois et de bons résultats à partir de 6–12 mois. Plus sévère est la maladie, plus les symptômes évoluent depuis longtemps, plus le traitement mettra du temps à agir. Les effets indésirables recensés sont des troubles digestifs, une alopécie réversible à l’arrêt, l’augmentation des enzymes hépatiques, un risque de maculopathie nécessitant un suivi ophtalmologique.

5 RIMSO

Il a remplacé le DMSO utilisé depuis 1977. Il est deux fois moins concentré.  Il donne d’excellents résultats au début mais la durée d’action reste de quelques semaines à quelques mois et les symptômes reviennent.

Il s’utilise par cures de 6-8 semaines en instillant une fois par semaine 50 cc de RIMSO dans la vessie par un sondage, en essayant de le garder au mieux entre 1 et 2 heures ce qui est souvent impossible au début. En général il y a des résultats vers la 3e ou 4e instillation mais parfois dès la première. Après l’instillation, il y a parfois une augmentation de la douleur pendant 24 heures, c’est pourquoi on instille souvent un produit anesthésique en même temps. Ce produit nécessite une ATU pour être délivré par les pharmacies des établissements de santé. Un traitement d’entretien au long cours peut être envisagé.

6 BOTOX

La toxine botulique a pu être proposée. Toutefois ce traitement paraît peu efficace et peut conduire à l’auto-sondage.

7 Antihistaminiques

Les allergies joueraient un rôle dans la cystite interstitielle. Lorsqu’il y a un terrain allergique ou que les symptômes augmentent lors des saisons d’allergie, on essaie l’hydroxyzine (si elle entraîne trop d’effets sédatifs, on peut utiliser d’autres antiallergiques).

Plusieurs études dont une étude contre placebo en 2001 prouvent l’efficacité de la cimétidine 200 mg 3 fois par jour.

9 Immunodépresseurs

La ciclosporine A a été proposée avec des études contre placebo qui sont significativement positives, avec une amélioration sur la polyurie, la douleur et les scores symptômes. Le principal problème de la ciclosporine A est la tolérance.

Peu d’études ont été réalisées sur l’utilisation des corticoïdes. Une étude en 2005 sur des patients ayant des ulcères de Hunner montre une amélioration notable notamment sur la douleur.

10 Chirurgie

La chirurgie ne concerne que 2% des cystites interstitielles et doit impérativement être réservée aux formes très invalidantes en cas d’échec de toutes les autres thérapies et en accord avec le patient, avec un accompagnement psychologique car ce sont des interventions lourdes.

La résection transurétrale : cette technique est   utilisée en présence de lésion vésicale dite ulcère de Hunner (accord d’expert). Il s’agit du traitement de référence dans ce cadre là.

Entérocystoplastie d’agrandissement (recons- truction de la vessie) : On laisse en place une partie de la vessie (le trigone) et on l’agrandit avec un bout d’intestin. On la pratique dans les formes pollakiuriques avec des toutes petites vessies rétractées, et notamment les vessies ulcéreuses récidivantes après résection transurétrale.  Les résultats sur la douleur peuvent être inconstants.

Cystectomie complète : Elle consiste en l’ablation complète de la vessie avec création d’une dérivation urinaire (stomie) sur l’abdomen nécessitant un appareillage par poche de recueil (appellation commune de Bricker). Les résultats sur les douleurs peuvent aussi être inconstants.

Implant sous-cutané sacré : La neuromodulation consiste à stimuler les nerfs sacrés par une électrode reliée à un boîtier de stimulation électrique. Un test précède l’implantation du boîtier réservée aux résultats positifs. Les résultats publiés restent contradictoires et lorsqu’ils sont positifs ils sont souvent temporaires. De plus, il y a des risques d’infection.

9 Thérapies complémentaires

-Régime

Eviter les aliments acides (car l’acidité favorise l’agression de la vessie), riches en produits fermentés, en tyrosine, en tryptophane, en aspartame,… Il y a beaucoup d’hypothèses : en pratique, il vaut mieux que chaque patient éradique les aliments qui aggravent les symptômes.

On peut avoir recours à des alcalinisants urinaires : eau de vichy, bicarbonate, alcaphor….

- Traitements alternatifs

Contre la douleur, les thérapies brèves, les techniques de relaxation peuvent être d’une grande aide : hypnose, yoga, rééducation périnéale, techniques de relaxation, acupuncture, ostéopathie, kinésiologie… La qualité de vie étant très altérée, une psychothérapie peut aussi aider à supporter la maladie.

 

Article révisé en 2021 sous le contrôle du comité médico-scientifique de l'AFCI.
Les auteurs n’ont pas transmis de conflit d’intérêts concernant les données diffusées dans cet article.



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